le Voyageur des Prairies

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Le collectionneur

Et je regarde les dessins au mur de ma chambre
Reflétant les passions qui m’animèrent dans le passé
Maintenant je ne fais plus que l’inventaire de tout ce que j’ai pu amassé.
Il y a des dessins, des cartes, des photos
Tant d’espoirs et de rêves offerts aux regards des autres
Mais je ne ressens plus rien et ce ne sont plus que des pièces collectionnées.
Et la passion, je crois bien que je l’ai perdue
Et l’amour, je crois ne l’avoir jamais trouvé
Dans ma vie, j’ai vu tant de choses magnifiques
Dans ma vie, j’ai vu tant de choses horribles
Dans ma vie, j’ai rencontré tant de gens sympathiques
Dans ma vie, j’ai rencontré tant de gens hypocrites
Mais tous ces mauvais côtés
Je m’en balançais
J’avais des rêves qui m’animaient
J’avais la passion
Et puis j’aimais écouter
Ce que les autres disaient
J’aimais la musique et j’aimais créer
Dans le passé...

Et maintenant que je suis censé être adulte
La vie n’a jamais eu si peu de sens
Je ne me sens pas à ma place dans cette vie
Je n’aime pas faire ce que les autres veulent que je fasse.
Dans ma vie, j’ai écrit des choses et je pensais que c’était bien
Dans ma vie, j’ai souhaité offrir aux gens du bonheur
Dans ma vie, j’ai aimé des choses que les autres dénigraient
Dans ma vie, j’ai voulu vivre de ma passion.
Mais pour cela il aurait fallu
Vivre à un autre temps
Ou peut-être aurait-il fallu
Que je ne grandisse pas
Parce que dans ce monde
La passion a vite fait d’être éteinte.

Et la vie est peut-être finie à 20 ans ?
Je n’ai plus la passion, je n’en ai plus le temps
Et je pense à tout ce que j’ai laissé derrière moi
Et je pense à tout l’amour que j’avais en moi
Mais tout cela a bel et bien disparu
Et les sentiments que j’éprouve maintenant
Ne sont plus que stéréotypes d’un passé perdu.

Et je dis que j’ai perdu ma raison de vivre
Mais j’ai gagné leur raison de vivre.
Oh et maintenant j’ai peur d’affronter la vie
Je ne suis pas armé pour cette vie là
Tout ce que je savais faire c’était juste créer
Dans ma vie.

Et je regarde les dessins au mur de ma chambre
Et je regarde tous les disques que j’ai amassés
Et au fond de moi je sais que j’ai tout perdu
Je ne suis qu’un collectionneur.

© Fabrice Waldung

Et je m'endors

La lumière jaune est bien le dernier lien qui me retient ici
Mon esprit ne demande qu’à partir errer dans mes espoirs
Et je m’endors
Et ma vie devient trouble
Et je m’endors
Et j’aperçois ce qui me hante.

Ma pensée ne parvient plus à se fixer sur un point précis
Je cherche à voir un visage mais il disparaît à chaque fois
Et je m’endors
Et tous mes rêves s’écoulent
Je m’endors
Sans savoir où je vais aller.

J’aime à penser aux choses qui me rendraient heureux
Mais lorsque mes forces m’abandonnent, penser devient si dur
Et je m’endors
Et ma vie devient trouble
Je m’endors
Sans savoir où je vais aller.

Si la journée c’est une femme qui habite mes pensées profondes
Est-ce que la nuit c’est toujours elle qui me fait respirer ?
Et je m’endors
Sans savoir à qui je vais rêver
Je m’endors
Sans savoir qui je vais aimer.

Si dans mes pensées je serais prêt à mourir pour elle
Pourquoi ne serais-je pas un vrai salaud dans mes rêves ?
Oh mais si je pense à tout ça
Est-ce que ce n’est pas
Parce que je ne suis pas sûr de moi
Parce que je ne suis pas sûr de l’aimer ?
Toute la journée je la vois si belle qu’il me prend à rêver debout
Mais il est si loin le temps où j’avais aimé pour de bon
Et si tout cela n’était qu’un caprice d’enfant en mal de jouet ?
Comment pourrais-je savoir si je l’aime au fond de moi ?

Et je m’endors
Pour aller vivre dans mes rêves
Et je m’endors
Et là je saurai si je l’aime vraiment.

© Fabrice Waldung

Les ailes qui poussent

Et une nouvelle fois, je sens mon esprit s’envoler
Dans cette chambre exsangue, je sens pourtant le monde
Et il m’enivre de son parfum et de sa grandeur
Alors comment ne pas se sentir pousser des ailes
Lorsque vous le sentez à portée de main ?
Il n’y a plus d’idée de bien ou de mal
Il y a juste le monde et vous
Et l’idée de réunir les gens dans un même espace.

Et une nouvelle fois, je sens mon regard se poser sur lui
Dans cette chambre exsangue, son mythe est à l’étroit
Il est bien mieux à sa place dans les grands sites de Paris
Alors comment ne pas se sentir pousser des ailes
Lorsque vous le sentez à portée de main ?
Il n’y a plus de livres et de théories
Il n’y a plus que lui et vous
Et l’idée de pouvoir lui dire que vous l’admirez.

Sous le vaste ciel bleu et le Soleil brillant
Vous ressentez qu’il est leur égal
Il est grand comme celui-ci, il brille comme celui-là
Il plane à jamais sur mon esprit
Et sur celui d’autres qui, comme moi
Se sentent à l’étroit dans leur petite vie
Et il nous appelle à bouleverser les petites habitudes
Et à dire au monde que le bonheur est là.

Et pour une fois qu’aujourd’hui je me sens prêt à les affronter
Ces gens bien pensant qui le dénigrent tant
Ou lui reconnaissent des talents par convenance
Alors comment ne pas se sentir pousser des ailes
Quand vous voyez leur médiocrité
Il n’y a plus de bonne ou de mauvaise personne
Il n’y a que des gens enthousiasmés
A l’idée d’être ensemble, unis dans un même espace
Où je pourrai dire, avec Gaudy
Un aigle est mon clocher
Mon dieu : Napoléon.

© Fabrice Waldung

Devenir un homme

Quand j’étais gosse, j’étais plutôt turbulent
Je cherchais à provoquer la réaction des gens
Mais l’adolescence est venue me prendre
Et avec elle, la différence.

Et je me sentais si seul au monde
Je me croyais totalement incompris.

Et puis ce fut dur d’apprendre l’amour
Il y a eu les filles qui se moquaient de moi
Mais il y eut une femme que j’aimais
Qui m’a rendu heureux et il n’y eut plus de différence.

Et je me pris à rêver que j’étais un homme
Que la vie commençait, qu’un homme était né
Mais rien ne dure
Il faut peiner
Gagner sa place
Mais moi, je rêvais
Je croyais tout gagner
Sans en baver
Je rêvais être un homme
Mais j’avais tout à vivre...

Et la vie est là pour vous faire retomber
A terre lorsque vous volez, et dieu sait que ça fait mal
Alors j’ai vécu, j’ai appris que c’était dur
Mais si l’amour est au bout, alors vous êtes un homme.

Car il faut de tout pour être un homme
Il faut sûrement s’endurcir, mais il faut aussi aimer.

Et une fois que vous en êtes là
Qu’est-ce qu’il vous reste ? Qu’allez-vous faire ?
Rester anonyme ou devenir un grand homme ?

© Fabrice Waldung

Les corbeaux

Il faut les voir se promener en ville
La tête basse, les yeux vides et le teint pâle
Les corbeaux
Il faut les voir tous habillés de noir
Il semble bien qu'ils n'espèrent rien de la vie
Les corbeaux.

Oh dites-moi
Pourquoi des jeunes qui ont tout
Ont ce besoin si grand de montrer leur désespoir
Ils se complaisent dans le désœuvrement
Ils testent toutes sortes de dérivants
Ce sont les corbeaux.

Quand vous leur demandez ce qu'ils voudraient
Ils vous répondent qu'ils ne veulent rien du tout
Les corbeaux
Et si vous en trouvez un moins déprimé
Il vous dira qu'il faut tout changer
Les corbeaux.

Oh dites-moi
Pourquoi des jeunes qui ont tout
Ont le snobisme de se faire passer pour des voyous
Ils se complaisent dans le désœuvrement
Ils testent toutes sortes de dérivants
Ce sont les corbeaux.

Et puis un jour ils changent en tout
Vous verrez qu'un jour ils seront comme vous
Et peut-être pire
Ce ne sont que des jeunes qui se donnent un genre
Qu'ils sont décevants quand ils changent !
Les corbeaux.

Mais dites-moi
Pourquoi des jeunes qui ont tout
Ont un besoin si grand de se marginaliser
Et même si ça n'aura duré qu'un temps
Ils auront voulu tout changer
C'étaient les corbeaux.

© Fabrice Waldung

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Bashung au NJP 13/10/2008

Visage dissimulé derrière des lunettes noires, crâne caché sous un petit chapeau noir, chemise blanche et costume noir, tel est Alain Bashung ce lundi 13 octobre 2008 au Nancy Jazz Pulsations. L'émotion à l'état brut, voilà ce que fut le concert de ce grand artiste. Tous ont communié dans la même ferveur, jeunes et anciens, applaudissant, ovationnant un artiste, un vrai, qui, avec sa voix, nous a fait vivre de grands moments d'évasion. Les personnes qui m'accompagnaient ont évoqué la perfection, l'émotion, les frissons, je ne peux rien ajouter à cela. Je me suis laissé porter par cette voix, ces paroles, cette musique, emballante et planante. J'ai passé un merveilleux moment et un moment merveilleux, et je ne peux dire que merci à M. Alain Bashung. J'espère qu'il a compris et perçu ce qu'il avait donné à son public de Nancy et que ce public a su lui faire comprendre qu'il avait donné beaucoup. Je vais peu aux concerts, mais tant pis ; aujourd'hui, j'ai vécu un grand moment. Aujourd'hui, ce soir, Alain Bashung est entré dans mon panthéon.

A lire aussi : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article5317