le Voyageur des Prairies

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Luke a la main froide

Paul Newman

Aujourd'hui, 27 septembre 2008, l'acteur Paul Newman est mort. Autant le dire tout de suite, il était mon acteur favori, et il était surtout une personne pour qui j'avais une grande estime.
Il avait le physique de James Dean et le visage de Brando, il aurait pu être le sex-symbol ultime, et pourtant il a tourné le dos à ce destin. Il a préféré avoir un regard lucide sur le monde dans lequel il évoluait, prendre les choses avec humour mais ne pas se moquer des injustices et de la misère. Il a utilisé sa notoriété pour faire ce qu'il pouvait pour aider ceux qui en ont besoin. Concrètement, sans médiatisation, sans chercher à en tirer un quelconque profit personnel. Et tout cela, avec une classe naturelle qui imposait le respect à tout le petit monde hollywoodien, et à tout le monde, tout court.
J'aimais son détachement, son humour, sa simplicité, la sagesse qui semblait l'habiter, sa fidélité à ses convictions, à sa famille. J'ai adoré son duo avec Robert Redford dans Butch Cassidy et le Kid et L'Arnaque. J'ai aimé tous ses films (enfin, ceux que j'ai pu voir).
J'espère que ses "collègues" sauront lui rendre l'hommage qu'il mérite, car c'est un très grand du cinéma américain qui s'en va. Un grand américain. Il y en a.

Un dimanche au bord de l'eau

Je me lève tôt le matin du lit conjugal
Et le soleil perce à travers les volets
Je n'ai pas de raison de me presser car aujourd'hui c'est dimanche
Je peux regarder le monde tourner.

Et juste penser aller me promener
Juste flâner dans les rues désertes
Et croiser d'autres couples, d'autres vieux
Qui passent leur dimanche comme ils peuvent.

Et en ces jours de beau temps
Ils se donnent tous rendez-vous au bord de l'eau
Certains couchés sur l'herbe chaude, d'autres faisant trempette dans l'eau
Où tout homme sensé ne mettrait pas les pieds.

Oh regarde tous ces gens
Qui ont l'air si heureux, vivant sous le soleil
Un dimanche au bord de l'eau
Et tout est loin
Et tout est rien
Même cette autoroute construite à vingt mètres.

Je ne cherche pas vraiment à m'occuper
Même pas à accélérer le temps
Je ne veux rien faire, ni rien créer
Juste me promener, le dimanche au bord de l'eau.

C'est une des rares fois où je peux la voir
Le dimanche au bord de l'eau
Où l'on peut enfin vraiment se parler
Le dimanche au bord de l'eau.

Oh à écouter tous ces gens
Nous serions sur une plage avec les cocotiers
Mais s'ils y regardaient bien
Il n'y a que des cailloux
Il y a des chiens errants
Et tous ces gens qui se promènent.

Il est bientôt temps de rentrer
Temps de retrouver son petit confort
Mais je sais que je les retrouverai tous dans une semaine
Pour autant qu'il y ait encore du soleil.

Et nous irons au bord de l'eau
Nous ferons semblant de parler d'autre chose
Que tout ce qui nous préoccupe vraiment
Le dimanche au bord de l'eau.

© Fabrice Waldung

Des gens biens

Ils se réunissent de temps en temps
Ils discutent de choses et d'autres
Ils pensent que ces choses doivent changer
Et ils voudraient pouvoir agir
Mais ils jouent avec le feu et ils finiront par se brûler
Et ils marchent droit
Et ils paient leurs impôts
Et ils ne rient pas
Quand ils parlent de ce qu'ils feront bientôt
Ce sont des gens biens qui auront perdu leurs rêves dès demain.

Et ils sont plongés dans leurs bouquins
On les voit rarement dans les rues
Parfois ils vont bien acheter leur pain
Mais ils ne lèvent pas la tête
Ils ont appris dans les livres et ne regardent pas autour d'eux
Eux aussi marchent droit
Ils paient leurs impôts
Et ils ne rient pas
Quand ils parlent de leurs travaux
Ce sont des gens biens qui auront perdu leurs amis dès demain.

Et eux ils aiment boire
Ils aiment tout critiquer
Ils aiment crier dans les rues
Ils aiment être différents des autres
Mais quand l'âge sera venu ils ne boiront que de l'eau
Ils marcheront droit
Ils paieront leurs impôts
Et ils ne riront pas
Quand ils diront ce qu'ils feront bientôt
Ce sont des gens biens qui auront perdu leurs rêves depuis longtemps.

Eux ils travaillent bien
Eux ils ont bien du mal
Leur avenir n'est pas radieux
Mais il n'est pas si mal
Ils auront leur vie à eux et ils penseront ce qu'ils veulent
Ils marcheront droit
Ils paieront leurs impôts
Ils riront aux éclats
Quand ils seront ensembles de temps à autres
Ce seront des gens biens qui n'auront jamais eu de rêves à perdre.

© Fabrice Waldung

La voyageuse

Chaque jour elle se prépare à travailler
En faisant ce pour quoi elle n'est pas faite
Elle vit dans une région reculée
Mais son esprit est rempli de lointaines contrées
Et dans la foule, personne ne pourrait deviner
Que cette fille est une voyageuse
Qu'elle ne vit que pour ça, que c'est dans son sang.

Elle a les mêmes gestes que vous et moi
Mais quand elle voit une fleur, ses yeux vont bien au-delà
Parce que cette fille aime s'en aller
Dans les lointains pays étrangers

Elle fait ce qu'elle doit pour vivre à son aise
Elle se plie aux devoirs qui lui sont imposés
Mais ses yeux voient plus loin que la crête éloignée
Parce que cette fille est une voyageuse

Chaque jour elle se prépare à travailler
Espère-t-elle alors encore voyager ?

© Fabrice Waldung

Les nouvelles prairies

L'herbe est humide sous la voûte étoilée
La brise est fraîche et des lumières brillent dans la nuit
Je sens bien que rien n'est important
Je sens alors que quelque chose m'attend
Il y a quelques années de cela, j'étais bien jeune
Je rêvais à des êtres enchantés qui m'attendaient
Les oiseaux chantaient et les arbres frémissaient
Le vent même m'accueillait à bras ouverts
C'étaient mes prairies.

J'avais un frère qui avait perdu ses illusions
Il avait du mal à me voir perdre les miennes
Il me poussait toujours à abandonner mes rêves
Pour ne pas tomber de haut plus tard
Il faut quitter ses prairies
Et rentrer en ville

Mais des éclairs animent encore mon sommeil
D'autres êtres, d'autres rêves peuplent ma tête
Aujourd'hui, tout est ancré dans la réalité, ce que je vois c'est mon avenir
Mais un avenir doré où mes rêves se réaliseraient
Ce ne sont plus des êtres enchantés
Mais les lumières de la gloire
Ce que je veux c'est vivre de mes rêves
Et voici mes nouvelles prairies

Le vent souffle toujours dans mes cheveux
Mais désormais c'est celui de l'enthousiasme et de la création
Je suis attiré comme une mouche
Vers les grands espaces
Les espaces de la gloire.

© Fabrice Waldung

Les excès

J'ai vu des gens qui se battaient pour leurs idées
Ils y mettaient tellement de coeur et de violence
Qu'il est sûr qu'ils croyaient à leur bien-fondé
Mais tout cela n'est-il pas un peu excessif ?

J'ai vu des gens qui aimaient avec tant de passion
Ils y mettaient tellement de coeur et de violence
Qu'il est sûr qu'ils espéraient à leur tour être aimé
Et tout cela est bel et bien excessif !

Car n'est-il pas plus simple
De laisser les choses glisser sur soi
Ne laisser aucune prise à quoi que ce soit
Sans pour autant devenir insensible
Car cela pourrait être un peu excessif.

Il faut bien se mettre d'accord
Si l'on a pour unique ambition de vivre dans ce monde
Il est illogique de se battre pour changer les choses
Et il devient ridicule de dire qu'on l'aime à la femme de ses rêves
Eh oui, tout deviendrait un peu excessif.

Ne croyez pas maintenant que je sois passif
Car au fond de moi, je suis peut-être plus excessif que vous
Des excès, j'en commettrais des dizaines qui n'en sont pas pour moi
Et les moindres seraient de crier bien haut que j'aime les gens et la femme de mes rêves
Mais n'ayez pas peur, d'ici peu, je ne serai plus excessif.

© Fabrice Waldung